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Island and Ocean Ecosystems
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30 septembre 2024, Ua Pou, Polynésie française – A la suite de la dératisation qui a été menée en 2023, une mission d’observation apporte la confirmation de l’absence de rats sur les 3 îlots de Ua Pou, en Polynésie française. Cette réalisation offrira un refuge sûr de nidification pour des espèces d’oiseaux marins natives et menacées, permettant le retour à l’équilibre de tout un écosystème.

Pendant 15 jours, Tehani Withers et Roberto Luta de la SOP Manu, une ONG d’ornithologie locale, ont parcouru les îlots Motu Takaē, Motu Ōa et Motu Mokohe, où leurs pièges et caméras de nuit n’ont relevé aucune preuve de la présence de rats.

Bien qu’il soit encore trop tôt pour évaluer la totalité des bénéfices, Tehani Withers a partagé des premières observations positives sur les populations d’oiseaux natifs. « Pendant les nuits, nous avons observé de nombreux puffins de bâillon retourner vers leurs tanières, une espèce très affectée par les rats auparavant, en particulier ses œufs et ses poussins. »

« Nous avons aussi observé une petite population de sternes à dos gris sur Mokohe, ce qui est encourageant car cette espèce est assez rare. C’est génial que le projet ait fonctionné ici parce que l’île abrite cette espèce rare. »

La réussite du retrait des rats devrait aider le rebond des populations d’oiseaux marins, d’invertébrés et de plantes natifs et endémiques. En particulier, cela pourrait bénéficier à aux 14 espèces d’oiseaux marins récemment observées sur les îlots et fournir des conditions favorables au retour de deux espèces menacées de pétrels, vues pour la dernière fois sur les îlots en 1995. Les oiseaux marins sont particulièrement vulnérables aux rats, qui s’attaquent aux nids et nuisent sévèrement au succès de reproduction.

Des populations d’oiseaux marins en bonne santé sont cruciales pour les écosystèmes marins. Des recherches récentes sur les effets du retrait du rat d’îles ont démontré des améliorations importantes en matière de biodiversité marine, liées à l’accroissement des flux de nutriments vers le large grâce au rétablissement des populations d’oiseaux marins. Cela contribue à la résilience des récifs coraliens qui peuvent se rétablir plus rapidement des événements de blanchiment et d’autres perturbations.

“Pour la population marquisienne qui pêche autour de ces sites, la dératisation permettra d’avoir une ressource de nourriture plus durable dans le temps”, souligne Tehani Withers.

Des impacts positifs sont aussi attendus pour les plantes natives, en particulier pour les plantes rampantes dont les fleurs et les graines étaient rapidement mangées par les rats. Avec leur repousse, elles devraient créer un meilleur habitat pour la faune des îles, favorisant l’augmentation des populations de crabes terrestres et d’insectes.

Ce processus semble avoir déjà commencé, comme observé par Mme Withers « Les plantes rampantes avaient des fleurs et des graines. J’ai aussi trouvé beaucoup plus d’insectes que d’habitude. »

Le projet représente une avancée précieuse au regard des défis techniques importants qui ont dû être relevés, riche en enseignements pour de futurs projets aux Marquises ou sur d’autres îles du Pacifique avec une topographie similaire. En raison de l’éloignement géographique et du terrain accidenté des îlots, le raticide a été déposé par un drone piloté depuis un bateau stationné en haute mer.

Avant de retenir le drone, de nombreuses autres solutions techniques ont été étudiées dont des microptères et des hélicoptères locaux.

Le drone piloté depuis un bateau s’est avéré être la seule possibilité, en raison de l’expérience nécessaire en matière de dépose d’appâts et des coûts de relocalisation élevés. Restant la meilleure option, trouver un bateau capable de fournir une plateforme stable dans la mer agitée au large de Ua Pou a représenté un défi de taille.

Pour assurer la durabilité de cette réussite et prévenir la réintroduction de rats sur les îlots, des mesures de biosécurité ont été élaborées en collaboration avec les pêcheurs locaux. Ce projet mis en œuvre par le Partenaire du PRISMSS pour un Pacifique libéré des prédateurs, Birdlife International, avec le soutien de la SOP MANU a été rendu possible par le projet PROTEGE financé par l’Union Européenne.

Gérée par le Programme Régional Océanien de l’Environnement (PROE) à travers son programme espèces envahissantes depuis 2019, la composante « espèces envahissantes » de PROTEGE a financé des projets pour renforcer la résilience de territoires du Pacifique via la préservation de leur biodiversité et des systèmes écosystémiques associés.

Le Conseiller Espèces Envahissantes du PROE, M. David Moverley a indiqué que « être témoins du rétablissement de la biodiversité, des écosystèmes et de la sécurité des valeurs culturelles est une expérience que nous espérons être vécue dans toute la région du Pacifique. »

“En travaillant avec les partenaires du PRISMSS, les organisations locales et les communautés pour gérer les espèces envahissantes telles que le rat, nous augmentons les chances que la région soit prête à s’adapter aux changements tels que ceux amenés par le changement climatique. »

Le projet contribue à un effort plus large pour protéger la biodiversité de l’archipel des Marquises, en lien avec les projets de retrait de rongeurs déjà achevés et à venir sur d’autres îles dans les années à venir.

Cela joue un rôle dans a préservation de l’intégrité environnementale des Marquises, qui ont été classées en juillet 2024 dans la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO sur la base de ses valeurs culturelle et environnementale.

PROTEGE

Le Projet Régional Océanien des Territoires pour la Gestion durable des Ecosystèmes (PROTEGE) est une initiative qui vise à promouvoir un développement économique durable et résilient au changement climatique dans les Pays et Territoires d'Outre-Mer (PTOM) européens du Pacifique, basé sur la biodiversité et les ressources naturelles renouvelables et divisé en quatre composantes, qui sont l'agriculture et la sylviculture, la pêche côtière et l'aquaculture, l'eau et les espèces invasives.

PROTEGE est un projet de coopération régionale qui soutient les politiques publiques des quatre PTOM du Pacifique : la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Wallis-et-Futuna et les Îles Pitcairn. Il vise à réduire la vulnérabilité des systèmes humains et naturels aux impacts du changement climatique en augmentant la capacité d'adaptation et la résilience. Il vise également à améliorer la gestion, la conservation et l'utilisation durable de la diversité biologique et des ressources en eau. Il est financé par le 11ème Fonds Européen de Développement (FED) pour une période de 4 ans. Le projet PROTEGE est mis en œuvre conjointement par la Communauté du Pacifique (CPS) et le PROE.

Le PROE, par l'intermédiaire du Service régional de soutien à la gestion des espèces envahissantes dans le Pacifique (PRISMSS), dirige la mise en œuvre de la composante relative aux espèces envahissantes.

Pour plus d’informations veuillez contacter M. Louis Thiercelin, Chef de projet à [email protected] ou M. Nitish Narayan, Chargé de Communications et Contact du PRISMSS à [email protected]