19 avril 2022, Apia - Les participants ont partagé et documenté des expériences précieuses de plusieurs pays, qui joueront un rôle essentiel dans la formulation de plans visant à lutter contre les déchets marins et la pollution marine. L’atelier sur les déchets marins, organisé par le projet S’engager pour une gestion durable des déchets dans le Pacifique (SWAP) et tenu en ligne le 6 avril 2022, a permis de mettre en avant les succès remportés et les enseignements à tirer dans ce domaine.
L’atelier intitulé « Lutter contre les déchets marins : du nettoyage du littoral à la prise de décision » visait à aider les États et territoires insulaires du Pacifique à comprendre les origines et les impacts des déchets marins. Il était également destiné à fournir des informations pratiques sur le processus de préparation et de conduite de campagnes de nettoyage, incluant des audits statistiquement standardisés des déchets.
Christina Shaw, directrice générale de la Vanuatu Environmental Science Society (VESS), a souligné l’importance de la collecte de données. Depuis 2015, VESS a organisé et mené 17 nettoyages du littoral impliquant les communautés, au Vanuatu, au cours desquels elle a collecté 140 360 items de déchets. Parmi ceux-ci, ont été dénombrés 4 533 sacs à provisions, 3 796 contenants alimentaires en polystyrène, 1 180 pailles en plastique, 18 492 emballages alimentaires en plastique, 13 161 canettes en aluminium et quelque 14 014 bouteilles en plastique. Ces campagnes ont fait intervenir de nombreux acteurs. Elles ont aussi constitué la première étape de la formulation d’une politique visant à interdire les plastiques à usage unique, mise en application en 2018.
« Au cours de nos sept années d’activités de nettoyage en collaboration avec les communautés, nous avons tiré de précieux enseignements, l’un d’entre eux est que les données font la différence. Si aucune donnée n’est collectée et qu’aucun rapport n’est établi, il ne s’agit que d’un nettoyage et ce n’est pas une solution. Les données peuvent influer sur l’action publique et agir sur les esprits. Même des nettoyages de petite ampleur dont on tire des données désordonnées peuvent apporter des éléments », a-t-elle expliqué. « Vous n’avez pas besoin de réinventer la roue, vous pouvez rejoindre les programmes qui existent déjà. Ils disposent d’une panoplie d’outils et peuvent fournir un appui de personnes très coopératives. Vous pouvez adapter leurs fiches de collecte des données à vos propres besoins et celles-ci peuvent rester compatibles avec le partage en ligne de données. »
D’autres intervenants ont abondé dans ce sens comme Camden Howitt, co-fondateur et directeur des programmes de Sustainable Coastlines, et Sarah Kollar, responsable de la sensibilisation du programme International Coastal Cleanup (ICC) d’Ocean Conservancy, qui ont partagé leurs expériences avec les participants et ont ajouté leurs propres conseils. Julie Pillet, coordinatrice du projet SWAP au PROE, a souligné qu’il ne fallait pas se contenter de collecter des données, mais qu’il était également nécessaire de les partager, ce qu’elle espère voir devenir plus fréquent dans le cadre du partage régional des données.
« Un nettoyage sans collecte ni partage de données n’est utile que sur le court terme parce que l’endroit restera propre pendant quelques jours ou semaines, mais par la suite, les déchets reviendront sans cesse » a déclaré Mme Pillet. « C’est la raison pour laquelle la collecte et le partage de données sont un outil important d’aide à la décision. Ces données peuvent aider à mieux comprendre la source de production de des déchets et donc apporter des solutions. »
L’implication des communautés a été l’un des autres enseignements essentiels partagés durant l’atelier. L’expérience de Wallis-et-Futuna a montré que dans les petits pays insulaires, ce qui importe n’est pas l’envergure du nettoyage, mais les personnes qui y participent. Malgré sa population de 12 000 habitants, cinq associations se sont associées à l’édition 2021 de la Journée mondiale de nettoyage du littoral. Mais il y aura toujours des défis à relever, comme le manque de moyens financiers pour acheter des gants et des sacs, ou encore pour transporter les déchets collectés vers la décharge. L’aide financière de projets régionaux ou internationaux tels que le SWAP, ou même l’appui logistique des autorités nationales ou locales, peut être précieux pour mener à bien des campagnes de nettoyage.
« Nous savons qu’il peut être coûteux pour les communautés de financer le transport des déchets vers la décharge, mais c’est l’un des défis que nous devrons relevés dans l’avenir. C’est pourquoi cet atelier était important. C’est le partage des différentes expériences et des défis qui renforcera et éclairera nos décisions pour aller de l’avant. »
L’atelier était le premier pas vers une initiative plus ambitieuse, car il est prévu que le SWAP organise dans les semaines à venir une formation pratique à distance sur la façon de mener un nettoyage dans de bonnes conditions de sécurité, incluant la réalisation d’audits statistiquement standardisés sur les déchets. Toutes les organisations, ONG ou encore associations intéressées par cette question seront invitées à participer à cette formation.
La pollution marine résulte de l’arrivée dans l’océan de substances chimiques nocives, d’eaux usées polluées, de déchets industriels, agricoles et ménagers, d’ordures provenant de navires et de la propagation d’organismes envahissants. Une source majeure de pollution marine est liée aux déchets plastiques jetés intentionnellement du rivage ou des bateaux, ou qui sont transportés involontairement par les vents ou les cours d’eau.
Le projet SWAP, financé par l’Agence française de développement (AFD) et mis en œuvre par le PROE, entame sa deuxième année. Il a été conçu pour améliorer les conditions sanitaires, environnementales, sociales et économiques dans les pays et territoires insulaires du Pacifique, et est déjà mis en œuvre aux Fidji, aux Îles Salomon, en Polynésie française, aux Samoa, aux Tonga, au Vanuatu et à Wallis-et-Futuna.
CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR SUR LES SOURCES
ET LES CAUSES DE LA POLLUTION MARINE
- La pollution marine peut être simplement due à nos comportements lorsque les déchets sont déversés ou abandonnés dans l’environnement, soit sur le sol, car les déchets termineront dans la mer sous l’effet du vent et de la pluie, soit directement lorsque les déchets sont jetés dans la mer depuis la côte ou depuis des bateaux.
- Elle peut également être due à une mauvaise gestion des décharges, qui peut entraîner des fuites de lixiviat, notamment sur les sites illégaux ne faisant l’objet d’aucun contrôle, ou à une mauvaise gestion des systèmes de traitement des eaux usées, qui peut également entraîner des fuites de boues pouvant être contaminées par des métaux lourds, notamment lorsqu’elles proviennent des systèmes de traitement des eaux usées des entreprises chimiques, par exemple.
- La pollution marine peut également provenir des ruissellements agricoles qui peuvent contenir des pesticides ou des engrais.
- Cela peut également être dû à des événements accidentels en mer, tels que la perte de cargaison ou même des déversements de pétrole ou de produits chimiques provenant de navires endommagés en mer.
- Mais une source majeure de pollution marine est liée aux plastiques. Un rapport publié en 2021 par le PNUE intitulé « De la pollution à la solution : Une évaluation mondiale des déchets marins et de la pollution plastique » indique qu’il y aurait environ entre 75 et 199 millions de tonnes de plastique dans les océans. Les quantités de déchets plastiques pénétrant dans les écosystèmes aquatiques pourraient passer de 9 millions de tonnes par an en 2016 à 23 millions de tonnes par an en 2040.
COMMENT LES DÉCHETS MARINS NOUS AFFECTENT-ILS ?
- Les déchets marins ont un impact direct sur la vie aquatique par leurs conséquences létales pour les mammifères marins, les tortues, les oiseaux et les poissons ainsi que pour les coraux. Parmi ces conséquences figurent l’enchevêtrement, la privation de nourriture, la noyade, la lacération de tissus internes, l’étouffement et les dommages toxicologiques.
- Les déchets marins peuvent également avoir un impact indirect sur le changement climatique. En effet, par leurs répercussions sur le plancton et les écosystèmes marins, en particulier les mangroves, les herbiers marins, les coraux, ils peuvent modifier le cycle global du carbone. Ils peuvent aussi réduire l’adaptation et la résilience de ces écosystèmes au changement climatique.
- Les déchets marins ont également un impact financier non négligeable. Ils peuvent entraîner des répercussions sur les ressources halieutiques en raison de l’épuisement des ressources lorsque les zones de nidification ou d’alimentation sont détruites et polluées, mais aussi en raison de l’altération de la qualité du poisson.
- La pollution plastique marine a des répercussions graves sur la santé humaine. Lorsqu’ils se décomposent dans l’environnement marin, les plastiques laissent échapper des microplastiques, des substances chimiques, des métaux et des micropolluants qui passent dans les eaux et les sédiments et aboutissent dans les chaînes alimentaires marines. Les microplastiques véhiculent des organismes pathogènes nuisibles pour les humains, les poissons et les stocks aquacoles. Leur ingestion peut entraîner des modifications de l’expression des gènes et des protéines, des inflammations, une perturbation du comportement alimentaire, un ralentissement de la croissance, des modifications du développement cérébral, et une diminution de la vitesse de filtration et du rythme respiratoire. L’absorption de microplastiques par le biais de produits de la mer est susceptible de menacer gravement les communautés côtières comme celles des îles du Pacifique, pour lesquelles les espèces marines constituent la principale source d’alimentation.
À propos du SWAP
Le projet SWAP vise à améliorer, au moyen d’une gestion appropriée des déchets, les conditions sanitaires, environnementales, sociales et économiques dans les pays et territoires insulaires du Pacifique. Les sept pays et territoires insulaires du Pacifique impliqués dans le projet SWAP sont les Fidji, les Îles Salomon, la Polynésie française, le Samoa, les Tonga, le Vanuatu et Wallis-et-Futuna. La Nouvelle-Calédonie recevra également un appui technique du SWAP.
Le projet « S’engager pour une gestion durable des déchets dans le Pacifique » (Committing to Sustainable Waste Actions in the Pacific – SWAP) est financé par l’Agence française de développement (AFD) https://www.afd.fr/ et mis en œuvre par le Secrétariat du Programme régional océanien de l’environnement (PROE) https://www.sprep.org/ .
L’Agence française de développement (AFD) met en œuvre la politique de la France en matière de développement et de solidarité internationale. Par ses financements aux ONG et au secteur public, ainsi que ses travaux de recherche et ses publications, l’AFD accompagne et accélère les transitions vers un monde plus juste et résilient. Elle propose également des formations dans le domaine du développement durable (Campus AFD) et des activités de sensibilisation en France.
« Nous construisons avec nos partenaires des solutions partagées, avec et pour les populations du Sud. Nos équipes sont engagées dans plus de 4 000 projets sur le terrain, dans les Outre-mer français et dans 115 pays et territoires en crise, pour les biens communs : le climat, la biodiversité, la paix, l’égalité femmes-hommes, l’éducation ou encore la santé. Nous contribuons ainsi à l’engagement de la France et des Français en faveur des Objectifs de développement durable (ODD). Pour un monde en commun. »
Pour de plus amples informations, veuillez contacter Mme Julie Pillet, coordinatrice du SWAP à l’adresse : [email protected]. Ou vous rendre sur le site Internet dédié : https://www.sprep.org/SWAP/fr/sustainable-waste-actions-in-the-pacific-swap
MAIN PHOTO CREDIT: Vanuatu Environmental Science Society